L’Humanité, 6 juillet 1981
« L’invité de l’Humanité » : « Jean Amado. Fabricant d’images en dur », visuels : Jean à travers le porte bois, à la limite, barque 8.
(À propos des sculptures en ciment de basalte) Il faut d’abord prendre en compte le problème de la manipulation. À partir du moment où un morceau dépasse 30 k, il faut être deux pour le déplacer. Ce n’est pas valable… la taille de l’élément, je la définis aussi en fonction de la mécanique qui fait le mélange. Tout est pesé, les mélanges sont précis. Le sable est tamisé une première, puis une deuxième fois, il est ensuite dépoussiéré, pesé et mêlé à une certaine quantité de ciment à l’aide d’un petit malaxeur. En tenant compte des pertes, cela va donner des morceaux de 20 à 30 k.
C’est monté comme des agglos avec des éléments de 3 cm d’épaisseur à la manière dont on bâtit des châteaux de sable sur la plage.
Je monte une cloison et à un moment donné, soit que mon ciment soit trop mouillé, soit pour toute autre raison, la cloison au lieu de monter droit, se met à fluer. Alors j’ai deux solutions : ou je la redresse, ou, si cet accident me paraît intéressant, je l’aménage.
Est-ce que je suis un sculpteur… je n’en sais rien, mais ce dont je suis persuadé c’est que je ne me soucie pas des autres lorsque j’entreprends mes bricolages.
… mesures dans des seaux de 15 k de sable et 6 k de ciment mélangés avec de l’oxyde de fer pour obtenir un ton ocre rouge. Coupés d’eau que je verse par un tuyau… quand c’est terminé, la pièce est grossièrement nettoyée, portée à l’extérieur, démontée et passée au jet de sable.
Cette inclusion de matériaux dans le ciment m’a peut-être été imposée par divers sentiments, par l’émotion par exemple que procure la vision des carènes de bateaux lorsqu’elles sont à moitié coulées, à moitié ensablées, et que seules demeurent les membrures, semblables aux côtes d’un animal mort et desséché dans le désert.